Le pain eucharistique, consacré durant la messe, est réellement le Corps de Jésus. Il nous l’a dit lors de la dernière Cène :
Puis il prit du pain et, après avoir remercié Dieu, il le rompit et le leur donna en disant : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi ». (Lc 22, 19 ; // Mt 26, 26-30 ; Mc 14, 22-26 ; 1Co 11, 23-25)
C’est pour cette raison que depuis lors, les apôtres perpétuent ce geste, ainsi que l’annonce de la foi en sa présence dans les espèces (le pain et le vin consacrés). Ce n’est que tardivement (milieu XIème siècle) que l’on a des traces de l’adoration eucharistique telle que nous la connaissons aujourd’hui, mais des témoignages de la foi en la Présence Réelle et sur le respect qui Lui est donné existent et remontent aux premiers écrits chrétiens.
On a pu donner des explications très savantes, comme celle de Saint Thomas, sur ce que cela veut dire « Présence réelle et perpétuelle du Corps de Jésus dans le pain Eucharistique », cela reste quelque chose de l’ordre de la relation, du mystère à vivre.
L’explication de Saint Thomas d’Aquin
Distinction forme/matière chez Aristote
Saint Thomas utilise le vocabulaire d’Aristote. Aristote faisait la distinction entre la forme d’une chose et la matière dans laquelle elle s’incarne (Aristote n’utilise pas ce mot 😉 ). Par exemple, une chaise peut être en bois ou en plastique, cela reste une chaise. La forme, c’est la chaise. Par extension, Aristote dit que la forme d’un être vivant, c’est son âme, et la matière, c’est le corps. Ce n’est pas la matière qui dit ce qu’est à la forme/l’âme ; ni la forme/l’âme qui dit ce que sera la matière, mais c’est le composé des deux dit ce que c’est (on parle de « substance »). Lorsque la forme « chaise » rencontre la matière « bois », on a à ce moment là une chaise réelle (en bois).
L’âme de Jésus dans la matière du pain
Saint Thomas reprend le même type d’explication, mais il remplacerait « chaise » par « Jésus » et « bois » par « pain ». La forme « Jésus » rencontre la matière « pain » et compose le Corps de Jésus réel (en pain). C’est la transsubstantiation (changement de la substance du pain en celle du Corps de Jésus, mais pas de la matière). La matière du pain reste la même, il ne faut pas cherche des veines ou des organes humains, mais comme l’âme/la forme du pain à changé, c’est toute la substance du pain qui a changé. C’est pour cela que l’on peut dire que le Saint Sacrement c’est le Corps du Christ.
Un mystère
On raconte que Saint Thomas passait du temps la tête dans le tabernacle (là où il y a le pain consacré en dehors de la messe) en répétant : « Comment est-ce possible, Seigneur ? » Autrement dit : « avec toute la science du monde, cela reste un mystère, un don de Dieu ».