
“Jubilé : entre indulgence et espérance”
Messe pour le pape défunt suivie par la conférence-débat
par l’abbé Joël Spronck, recteur du grand séminaire francophone de Belgique (Namur)
Mercredi 23 avril 2025,
19h00 : messe pour la mémoire du pape François
19h45 conférence-débat
Lieu: Sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon
Rue de robermont 2, Liège
Lisez le résumé et l’album photo ci dessous.
Pape François

Nous adaptons la programme de la conférence afin de nous unir par la prière au grand passage du pape François. Une messe sera célébrée dans l’église du sanctuaire à 19h. Elle sera présidée par l’abbé Joël Spronck.
Le pape avait souhaité que le jubilé 2025 soit placé sous le signe de l’espérance.
Une indulgence ?
Dans le petit carnet du pèlerin d’espérance du diocèse de Liège, l’abbé joël Spronck a rédigé le texte sur le sens de l’indulgence du Jubilé.
Recevoir une indulgence ? Le pape François a insisté sur la puissance de cette grâce offerte par le Christ. Encore faut-il bien en comprendre le sens. Lors de la conférence, l’abbé Joël Spronck expliquera le sens de l’indulgence du jubilé de l’espérance et son lien intime avec la miséricorde.
Le Jubilé, selon le Livre du Lévitique (chap. 25), est une année de grâce marquée par la libération, le pardon et la miséricorde. À l’image d’Isaïe 61, il s’accompagne de gestes symboliques comme le pèlerinage, la confession ou les œuvres de miséricorde, qui expriment cette miséricorde divine. L’indulgence jubilaire, en particulier, manifeste la plénitude du pardon de Dieu. Historiquement, la pratique des indulgences a parfois été mal comprise, notamment au XVIe siècle, lorsque certains comme le dominicain Tetzel en faisaient un commerce, suscitant la réaction de Luther. Celui-ci rappela que le salut est un don gratuit reçu par la foi, et non une transaction.
Aujourd’hui, l’Église rappelle que le sacrement de la réconciliation reste le moyen ordinaire de recevoir le pardon des péchés. Cependant, ceux-ci laissent des traces, des « peines temporelles », qui abîment nos relations et notre cœur : c’est là que l’indulgence intervient, pour purifier ces conséquences résiduelles du péché. Le pape François insiste sur la puissance de cette grâce offerte par le Christ. Une image illustre bien ce processus : après un incendie (le péché), la confession éteint le feu, mais l’indulgence aide à réparer les dégâts.
L’indulgence peut être plénière ou partielle, et peut aussi être offerte pour les défunts en purification, en vertu de la communion des saints. Depuis la réforme de Paul VI en 1967, on ne parle plus de nombre de jours mais de qualité de disposition intérieure. Pour approfondir, on peut se référer au Catéchisme de l’Église catholique (n° 1471-1479).
Résumé de la conférence
Quand sonne le Jobel…
Le mot « jubilé » trouve son origine dans le « yôbēl » biblique, cette corne de bélier qui annonçait, tous les cinquante ans, une année de libération : terres restituées, esclaves affranchis, dettes effacées (Lévitique 25). Le jubilé, dès l’Ancien Testament, porte la promesse d’un recommencement, d’un souffle nouveau donné à l’histoire humaine. Ce n’est pas qu’un événement religieux, c’est un temps d’espérance concrète, un appel à vivre autrement. En 2025, ce même appel résonne encore, chargé de sens dans un monde traversé par tant de fractures.
L’espérance chrétienne : situation
Mais de quelle espérance parlons-nous ? Il serait naïf d’en parler sans tenir compte des crises contemporaines : sociales, écologiques, spirituelles. L’espérance chrétienne n’est pas un optimisme facile. Elle naît souvent dans l’épreuve, dans le désert. C’est une espérance qui ose poser la question du sens – et parfois, du non-sens.
Un tableau de Magritte, par exemple, peut nous interroger. Derrière le mystère des formes et des symboles, il y a cette tension entre visible et invisible, entre présence et absence – une tension très chrétienne, en somme.
Le Pape François a évoqué cette œuvre lors la rencontre de Koekelberg le 28 sept 2024. « Je voudrais rappeler une œuvre de Magritte, votre illustre peintre, qui s’intitule ‘L’acte de foi’. Elle représente une porte fermée de l’intérieur, mais qui est percée au centre, elle est ouverte sur le ciel. C’est une ouverture qui nous invite à aller au-delà, à regarder vers l’avant et vers le haut, à ne jamais nous refermer sur nous-mêmes. C’est une image que je vous laisse comme symbole d’une Église qui ne ferme jamais ses portes, qui offre à tous une ouverture sur l’infini. C’est l’Église qui évangélise, vit la joie de l’Évangile, pratique la miséricorde ».
Et cette question poignante que posait l’historien Jean Delumeau : « Que reste-t-il du paradis ? »… N’est-ce pas là le cœur de notre espérance ? Le paradis n’est pas une nostalgie, mais une promesse.
La prédication chrétienne, tout comme les funérailles, sont des lieux où cette espérance doit être proclamée sans fard. Trop souvent, nous confondons la consolation avec l’oubli, l’espérance avec une douce illusion.
Dans notre monde globalisé, des croyances venues d’Extrême-Orient comme la réincarnation brouillent parfois les aspirations chrétiennes. Toutefois, l’espérance chrétienne ne se dissout pas dans le vague spirituel : elle a un nom, une histoire, un visage – celui du Christ ressuscité. Il nous éveille à l’au-delà, au salut… Autant de signes d’une soif d’absolu.
Face à elle, les critiques modernes sont nombreuses et parfois virulentes. Marx y voit une aliénation (« la religion est l’opium du peuple », on endort les gens, pour lui, il faut bâtir le « royaume de Dieu » ici bas, notamment via la lutte des classes), Nietzsche une faiblesse. Et pourtant… Spes non confundit – l’espérance ne déçoit pas. Elle demeure une bulle d’oxygène dans un monde qui étouffe, un souffle libre dans les cendres du désespoir.
Être chrétien, c’est être ancré dans la Résurrection du Christ. C’est en ce fondement que s’appuie notre espérance : non pas fuir le présent, mais l’habiter pleinement. Notre monde actuel est traversé par de nombreuses crises : l’effondrement global, crises climatiques, et cela nourrit le pessimisme. Pour le pape François, l’espérance n’est pas une évasion mais un engagement : justice, pardon, réconciliation. Multiplions les signes d’espérance : transmettons la vie, abolissons la peine de mort, offrons un avenir aux jeunes, accueillons les réfugiés, travaillons à l’unité de l’Eglise (cf. Le 1700e anniversaire du concile de Nicée),… L’espérance ouvre une porte ouverte sur le Ciel. Ce n’est pas une ouverture sur l’utopie, mais sur une vie heureuse et généreuse, ici et dans le Ciel.
L’indulgence jubilaire : une grâce offerte
Dans cette dynamique d’espérance, l’Église propose, en chaque jubilé, le don de l’indulgence. Selon le Catéchisme de l’Église catholique (n°1471), « l’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée ». L’indulgence réduit la peine temporelle, c’est une réduction de la pénitence fixée après la confession, donc après le pardon de la faute. Elle est une grâce, un signe du cœur miséricordieux de Dieu.
Cette pratique a une longue histoire, enracinée dans la discipline pénitentielle de l’Église primitive. Elle a connu des abus – Luther en a vivement contesté les dérives au XVIe siècle. Mais elle a aussi traversé les siècles comme un appel constant à la conversion.
Le pape François, avec son regard pastoral, a su redonner à l’indulgence toute sa signification spirituelle : non un acte magique, mais une démarche du cœur, un geste de foi et de miséricorde. Il l’intègre dans cette « culture de la tendresse » qui caractérise son pontificat.
Accueillir l’indulgence en 2025, c’est poser un acte libre et responsable : confession sacramentelle, communion, prière aux intentions du pape, démarche de pèlerinage ou de charité. Ce n’est pas cocher des cases : c’est ouvrir son cœur à l’amour qui libère.
Conclusion
Entre indulgence et espérance, le Jubilé 2025 nous invite à vivre une foi incarnée, audacieuse, résolument tournée vers le Royaume. Dans un monde qui doute, qui vacille, l’Église affirme que l’espérance a un nom : Jésus-Christ. Et que cette espérance, loin de nous retirer du monde, nous y plonge avec courage.
Album photo de la soirée : messe, conférence et drink


























Le livret du jubilé pour le diocèse de Liège

Un guide bilingue pour cheminer vers l’espérance. Que vous ayez envie de visiter un seul sanctuaire, ou bien de vivre un véritable pèlerinage à travers ces lieux, le guide du pèlerin est là pour vous aider à marcher vers l’espérance !
Il comprend plusieurs textes en lien avec le jubilé, rédigés par Mgr Jean-Pierre Delville, Marie de Lovinfosse, déléguée épiscopale du Vicariat Chemins de Mission et l’abbé Joël Spronck, recteur du séminaire de Namur.
Les présentations des neuf sanctuaires liégeois sont accompagnées d’un espace pour apposer un « tampon » lors de la visite du lieu, le guide devenant ainsi une sorte de « passeport » vers l’espérance !
La dernière section du guide inclut une sélection de chants pour permettre aux pèlerins d’écouter et de méditer en musique, ainsi que la prière du jubilé. Un espace est également prévu pour des notes personnelles, afin que chacun puisse consigner ses réflexions et prières tout au long de son pèlerinage.
Ce guide est vendu au prix de 2€ au sanctuaire et dans toutes les églises jubilaires ainsi qu’à la librairie Siloë. Il invite chaque fidèle à découvrir ces lieux de pèlerinage et à se laisser porter par l’espérance tout au long de l’année.