Sanctuaire de Sainte-Julienne de Cornillon

De l'adoration eucharistique à la Fête Dieu à Liège

Alphonse Borras

Cycle “Les témoins de l’espérance” dans le cadre de l’année jubilaire 2025

Quelle espérance pour l’Eglise en 2050 ?

Conférence débat avec l’abbé Alphonse Borras

Théologien liégeois et expert international au dernier synode à Rome.
Mardi 18 février 2025 à 19h
Lieu: Salle saint Thomas d’Aquin, Sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon
Rue de robermont 2, Liège
PAF: libre

Comment se positionne l’Eglise catholique de Belgique parmi l’Eglise Catholique universelle ? Quels sont les articles du document final qui ont suscité le plus de discussions ? Quelles sont les implications pour l’Eglise catholique de Belgique ? Quelles options pour l’Eglise en 2050 ?

Le résumé de la conférence est repris ci-dessous.

Le concile Vatican II vient de fêter ses 50 ans. Il marquait un tournant dans la vie de l’Eglise à plusieurs égards, notamment pour confier davantage de missions aux laïcs. Ce synode de 2023-2024 marque un nouveau tournant dans l’histoire de l’Église catholique en élargissant le cercle des discussions et en offrant une vision plus inclusive et participative de la gouvernance ecclésiale. L’assemblée a réuni 368 membres, dont 25% n’étaient pas évêques, marquant une implication importante des laïcs. Un nouveau « ministère » de l’écoute et de l’accompagnement sera créé. Le texte affirme qu’il n’y a aucun obstacle empêchant les femmes d’exercer des rôles de direction dans l’Église. La question du diaconat féminin est mentionnée comme une éventualité nécessitant une réflexion plus approfondie. Le document promeut une approche œcuménique, appelant à « une unité pleine et visible des chrétiens ».

Le théologien Alphonse Borras est prêtre, canoniste, et fut vicaire général du diocèse de Liège jusqu’en décembre 2020. Spécialiste de la théologie du diaconat, il fut membre de la Commission théologique préparatoire au Synode, il a enseigné à l’Université catholique de Louvain, à l’Institut d’Etudes Théologiques à Bruxelles, à l’Institut catholique et au Centre Sèvres de Paris . Il a participé à la première session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode (octobre 2023) au titre d’expert, puis à la seconde session en octobre 2024 au titre de consulteur du secrétariat général du Synode des évêques. Il fut donc au coeur de ce grand rendez-vous qui a rassemblé plus de 450 évêques, prêtres, religieux, religieuses, et laïcs à Rome.

Il est licencié et docteur en théologie, spécialisé en droit pénal de l’Eglise (canonique) pour lequel il a écrit un traité. Sa thèse de doctorat traitait de l’excommunication. Il a beaucoup écrit sur les structures paroissiales et les ministères confiés à des laïcs.

Né au sein d’une famille espagnole de négociants en fruits d’origine espagnole, il a grandit en Outremeuse à Liège. Il parle parfaitement français, espagnol et italien. En effet, après ses candidatures en droit de l’UCLouvain, il a étudié 8 années à Rome pour obtenir une licence et un doctorat en théologie de l’Université pontificale grégorienne. Il fut longtemps aumônier scout et aumônier d’équipes.

En tant qu’expert au synode, il a fait rapport des échanges. Il a expliqué à CathoBel en 2023 : “Nous disposions d’une grille en quatre points pour identifier les convergences, les divergences, les questions à approfondir et les pas à accomplir, notre synthèse était ensuite remise aux quatre rédacteurs du document final.” Il avait ajouté : “ce synode est un grand évènement tout à fait inédit dans l’histoire de l’Eglise parce qu’il se célèbre non pas uniquement avec des évêques mais des femmes, des laïcs qui disposent du droit de vote”. Pour Alphonse Borras, c’est une manière de « briser l’entre-soi épiscopal ». “Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’Eglise, les évêques doivent prendre leurs responsabilités, nous ne devons pas tout attendre de Rome !” Il leur revient notamment de faire preuve de créativité dans les ministères mais aussi de se montrer plus transparents.

Voici une liste des derniers ouvrages d’Alphonse Borras : Quand les prêtres viennent à manquer : repères théologiques et canoniques en temps de précarité, Paris, Médiaspaul, 2017; Communion ecclésiale et synodalité, Paris, CLD, 2018; Paroisses et familles : Pour une pastorale de la réciprocité, Montréal, Médiaspaul, 2019.

L’abbé Alphonse Borras a également publié les articles suivants en 2018-2021 : « Le synode des évêques. Quelques réflexions cinquante-trois ans après sa création », Nouvelle revue théologique, vol. 140, no 3; « Pour une Église synodale » : Un slogan de plus ? », Vies Consacrées, vol. 3,‎ juillet 2020; « Comment réaliser en paroisse « le rêve missionnaire d’arriver à tous » (EG 31) ? », Nouvelle revue théologique, vol. 142, no 2,‎ 2020; « Primauté et synodalité : Réflexions éclectiques d’un canoniste latin à propos d’un ouvrage récent », Nouvelle revue théologique, t. 143, no 2,‎ 15 mars 2021; « Un nouveau droit pénal canonique ? », Nouvelle revue théologique, vol. 143, no 4,‎ 23 septembre 2021.

En conclusion d’un article intitulé « Hommes et femmes en Église » paru en 2014 dans Transversalités, Alphonse Borras écrit : « C’est en fonction de ce long, lent et laborieux travail sur l’imaginaire ecclésial que l’on parviendra petit à petit à dépasser l’androcentrisme patriarcal et surtout à changer les habitus, à savoir non seulement les attitudes, mais les structures de représentations et de pratiques, et donc les fonctionnements sociaux qui déterminent les relations entre les individus. Nous sommes sur la bonne voie. Cette révolution est imparable : les acquis socio-culturels, politiques et ecclésiaux sont irréversibles. Il s’agit néanmoins de (continuer à) faire les apprentissages indispensables pour dépasser la sujétion féminine – même, et surtout sublimée –, accepter sans concession l’égalité des chrétiennes et développer une véritable complémentarité hommes-femmes. « L’heure vient, l’heure est venue où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici ». Quand viendra-t-elle « dans l’Église », cette heure que les Pères du concile Vatican II voyaient déjà arrivée « dans la cité » ? en citant le Message du concile Vatican II aux femmes » du 8 décembre 1965.

Résumé de la conférence

« La mise en œuvre du synode est un engagement de tous pour approfondir les acquis de Vatican II »

Résumé vidéo de 2 minutes, cliquez sur l’image :

Le témoin d’espérance de la conférence de ce mardi 18 février était l’enfant d’Outremeuse, Alphonse Borras, devenu prêtre et théologien de niveau international. Il fut au cœur d’un des plus grands événements de l’Eglise Catholique à Rome en 2023 et en 2024: en tant qu’expert puis consulteur de la XVIe assemblée synodale des évêques. Ce synode signifie littéralement « une marche ensemble », un remarquable processus d’écoute et de consultation, puis un arrêt et une prise d’orientation, comme dans l’épisode des disciples d’Emmaüs qui rencontrent Jésus ressuscité. 

Lancé en 2021, le synode a été bien préparé partout dans le monde. Sur les 114 conférences épiscopales, seulement deux n’ont pas apporté de rapports: la Chine et l’Iran. La seconde assemblée synodale de 2024 a rassemblé 357 participants dont 90 non-évêques, en particulier 50 femmes, religieuses et laïques, représentant environ 15% des membres votants, une première historique.

Cette dynamique synodale avait un triple enjeu : une Église inclusive (Communion : avoir part), participative (prendre part) et missionnaire (faire part). 

Quelques acquis majeurs du synode selon l’abbé Borras :

  1. Ce fut l’occasion de faire le point sur les suites du grand concile Vatican II qui fête ses 60 ans. L’Eglise dans son ensemble prend conscience qu’elle n’est pas une multinationale pyramidale mais une communion d’Églises locales, incarnées par des diocèses. C’est l’unité dans la diversité. L’Eglise est une et catholique.
  2. Le pape François consolide un triple niveau : les plans locaux, régionaux (comme le conseil continental d’Amérique Latine) et globaux, vers une Eglise polycentrée. Le synode s’est préparé pour l’Europe lors de la session de Prague, avec un enjeu important : l’immigration. 
  3. De la « doctrine » à la Tradition vivante; saint Paul disait transmettre ce qu’il avait reçu : l’expérience de la rencontre du ressuscité, entrons en dialogue; l’Eglise se fait conversation; hiérarchie des vérités (les révélées comme le credo, et les autres) et inculturation de la foi. En 2015, François a dit : « La synodalité est le chemin que Dieu veut pour son Église et cela prend beaucoup de temps, des siècles. »
  4. Dignité baptismale et diversité des charismes et ministères : coresponsabilité différenciée (cf. DF 7, 26, 28, 36, 48, 63, 74, 77, 80, 89, 134)
  5. La place des femmes dans la vie, la mission et la gouvernance (DF 60) a été remise à l’agenda
  6. Examen de l’accès au diaconat n°60
  7. Mise en exergue de l’héritage du concile oeucumenique des Églises Articulation un (catholiques autour d’une personne) – tous (communautaires, calvinistes, super démocratiques) – quelques-uns (conception de style anglicane). Pour nous catholiques, goûtons plus les fonctionnements communautaires.
  8. Principe « d’accountability », rendre compte et évaluer les actions (DF 95-102), notamment à la suite du scandale des abus, sortons de l’entre soi épiscopal, ayons un langage clair et transparent, ce qui implique un changement de culture dans l’Église, DF n° 102 in fine)
  9. Consultation/délibération en Église: le synode abolit le « tantum consultivum » (DF 92), « n’est que consultatif » devient « consultatif », c’est à dire qu’il tend vers la délibération, notamment par un processus de vote
  10. Le caractère obligatoire des Conseils pastoraux. «Les organismes de participation constituent l’un des domaines les plus prometteurs pour agir en vue d’une mise en œuvre rapide des orientations synodales, conduisant rapidement à des changements perceptibles » (DF 103).

Il a insisté sur la phase actuelle de mise en œuvre du synode qui vient d’avoir lieu en octobre. Ce synode a été voulu par le pape François pour approfondir les grands acquis du Concile Vatican II, comme la dignité de tous les baptisés, la diversité dans le peuple de Dieu, les différents charismes et ministères, l’attention aux églises locales, et l’importance de la mission. Maintenant, il revient aux églises locales, aux pasteurs et à leurs diocèses, de prendre en charge ce qu’ils estiment devoir approfondir et surtout mettre en œuvre. Ce n’est pas une question d’une démarche intellectuelle sur des idées et des concepts, c’est une question d’expérience ecclésiale, de marcher ensemble, de prendre le temps de discerner ensemble ce qui suppose l’écoute, le dialogue et la volonté d’aboutir à des consensus. La phase de mise en œuvre en appelle donc à l’engagement de tous et de chacun et de chacune d’entre nous.

#SynodeÉglise #VaticanII #CommunautéÉcclésiale #DynamiqueSynodale

Synode : les cinq articles les plus contestés du Document final

Les 155 articles qui composent le Document final du Synode sur la Synodalité ont été tous votés et adoptés à la majorité des deux tiers lors de l’ultime journée, le 26 octobre 2024.

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Voici les cinq articles qui ont le moins rassemblés les 356 membres présents lors des votes.

Article 60 : La réflexion sur le diaconat féminin : 97 voix contre, soit 27 % des suffrages exprimés. 73% des votants ne sont donc pas favorables à la création du diaconat pour les femmes. Le texte précise tout de même : « Il n’y a aucune raison pour que les femmes n’assument pas des rôles de leadership dans l’Église : ce qui vient de l’Esprit saint ne peut être arrêté. »

Article 125 : L’autorité doctrinale des conférences épiscopales : 45 voix contre, soit 13 % des suffrages exprimés qui auraient souhaité plus d’autonomie des conférences épiscopales par rapport à Rome et l’unité mondiale des décisions.

Article 27 : Une liturgie plus synodale et la prédication : 43 voix contre, soit 12 % des suffrages exprimés. 12% des votants auraient souhaité une plus grande implication des femmes dans les synodes et célébrations eucharistiques.

Article 148 : Plus de femmes dans les séminaires, 40 voix contre, soit 11% des suffrages exprimés. 11% des votants auraient souhaité uine présence plus marquée des femmes dans le parcours de formation et d’accompagnement des séminaristes, comme c’est de plus en plus le cas en Belgique par exemple.

Article 92 : Des organismes « délibératifs » pour épauler les évêques, 39 voix contre, soit 11% des suffrages exprimés. 11% auraient souhaité plus de décisions démocratiques. Le texte précise : « Dans une Église synodale, la compétence décisionnelle de l’Évêque, du Collège des Évêques et de l’Évêque de Rome est inaliénable, car elle est enracinée dans la structure hiérarchique de l’Église établie par le Christ au service de l’unité et du respect de la diversité légitime (cf. LG 13). »

6 belges parmi les 457 participants au prochain synode à Rome, dont le liégeois Alphonse Borras.

Pour la première fois dans l’histoire, des laïcs, hommes et femmes, mais aussi des prêtres non-évêques, voteront lors du prochain synode de l’Église sur la synodalité qui s’ouvrira à Rome le 4 octobre prochain et finira le 29 octobre. Ensemble, ces “non-évêques” représenteront 32% des droits de vote. 

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Diaconat féminin, décentralisation… Le programme du Synode pour l’Église de demain

Après trois années de réflexion, le Synode sur la synodalité lancé par le pape François a abouti dans la soirée du 26 octobre 2024 avec le vote d’un document final. Diaconat féminin, décentralisation, montée en puissance des laïcs et culture de la transparence… Décryptage des principaux points.

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« On devra débattre des sujets délicats »: Alphonse Borras sera consulteur à la prochaine Assemblée générale du synode

« Tous les dicastères ont toujours eu des consulteurs, c’est-à-dire des personnes extérieures aux membres des dicastères, qui ne sont pas dans l’équipe permanente », nous précise l’abbé Borras, précédemment vicaire général du diocèse de Liège.

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